Les petites fuites  -  1994  -  2004

Deux couples adulterriens

détricotent un huis-clos déjanté.

 

Les Ramots et les Pellevaux prennent, à leur manière et au quotidien, les transports en commun. Tendres ou pénibles pas de deux, chutes d’escabeau, réflexions de tonneau…

Du mur, ils ne retiennent que la porte. À chaque représentation, ils terminent à la mer.

 

L’histoire des Ramot et des Pellevaux est le prétexte d’un jeu loufoque et dérisoire sur l’apparence, les formalités, la mauvaise foi, les pulsions, les étranglements, les entorses, les arrangements, les éclats, les chocs, les accrocs, les rigolades, le bruit, les bulles, Ottis Redding. Les paroles sont rares, hasardeuses.

Comme dans un dessin animé, les actes, les mots et le temps peuvent se contredire : impressions laissées, flash-back, ramassis de souvenirs. Une comédie burlesque, dérive onirique ou cauchemardesque de l’ordinaire.


 

Théâtre presque parlé, 1h15 / 140 représentations

 Création 1994 – Re-Création 2004

 

Création collective mise en scène par : Emmanuel Audibert

 

avec

Julien Asselin : Patrick Ramot

Barthélémy Goutet : Christian Pellevaux

Aurélia Labayle : Sofia Ramot

Adélaïde Ronchi : Marthe Pellevaux

 

Costumes : MaFred Delestré et Anne Ventura

Lumière, son et plateau : Philippe Audibert, Victor Fernandez,

Emmanuel Audibert, Bertrand Pisson

 

Coproduction 2004 : La Grange Dîmière, Fresnes (94).

Soutien : La Palène, Rouillac (16), avec l’aide à la reprise d’ARCADI.

 

Tournée 2004-2005 : La Grange Dîmière (94), Centre Culturel La Palène à Rouillac (16), Théâtre de Cachan (94), Théâtre Firmin Gémier Antony (92), CCAS Régions Bretagne et Sud-Ouest, PACA et Languedoc-Roussillon...


 

Ils en parlent tellement bien...

 

| Roger Lenglet, philosophe, essayiste, journaliste

L’ordinaire des couples

« Le désir vient de naître, le couple vibre, extatique et léger comme duvet flottant au souffle d’Eros. La suite, c’est toute notre vie ou presque, le destin d’un couple avancé, comme on dit d’une viande qu’elle est avancée. Un couple pue rapidement, personne n ’a encore inventé le congélateur de sentiments. Emmanuel Audibert nous invite à mettre le nez dessus pour faire le point franchement, ça s’appelle «les petites fuites ».

Le pathétique, c’est notre contenance quotidienne. Du grand art. L’amour sous serment, nous refusons d’entendre les ruades du désir et feignons de fermer les yeux sur les fuites d’autrui, mais notre libido suinte, ça ressort de partout, ça coule… Rafistolez autant que vous voudrez, colmatez avec la rustine de la mauvaise foi, ça fuira toujours. « Les petites fuites » c’est la chorégraphie de notre comédie ordinaire. Il faut oser le dire : cette pièce réunit le meilleur du théâtre du quotidien. Audibert possède la douloureuse acuité de Pina Bausch et la tendresse mordante de Tati. Les acteurs, dans un maëlstrom de touches fines et hurlantes, inédites, exposent une étude de nos comportements d’une précision suffocante et irradiante à la fois. Le formidable pouvoir de pénétration de cette danse du désir contenu nous laisse ravis, transis, heureux… Formidablement gênés.

Couples lassés ou encore enlacés, accourez à ce spectacle de pure voyance! »

 

| Pierre Lauret, professeur de philosophie à l’ENS

« (…) Emmanuel Audibert est en train d’inventer une nouvelle forme de théâtre comique, parfaitement originale. (…) Les acteurs ont bien un texte à dire, mais par son caractère lacunaire, restreint, conventionnel, il n’est qu’un paramètre, jamais dominant, de la pièce. L’invention d’Emmanuel Audibert n’est pas sans rapport avec le mime ; elle se rattache aussi à la Commedia dell’arte et toute forme de théâtre où les acteurs ont moins à s’emparer d’un texte qu’à montrer leur corps. À certains égards, elle rappelle le cinéma de Jacques Tati. (…) Ce qu’elle montre ici n’est pas toujours drôle, par contre le spectacle est toujours d’une stupéfiante drôlerie. Selon Heiner Müller, le comique naît de la précision. Dans « les petites fuites », la précision des rapports physiques (…) est comme multipliée par la virtuosité gestuelle des acteurs, qui satisfont entièrement à l’exigence rappelée par Peter Brook ; sur la scène, un acteur doit être étonnant, comme instrumentiste virtuose ou un sportif de haut niveau. Ainsi dans ce théâtre l’invention procède d’une conception personnelle et singulière mais se prolonge en un processus collectif de recherche et de mise en forme. Et le plaisir très perceptible des acteurs à être ensemble sur scène et y combiner les miracles fait du spectacle une véritable fête. »


 

Crédit photos 2004: Marie Bureau, Bruno Levesque